Officiellement, il ne s’agit pas de punir, mais seulement de se donner les moyens d’éloigner – comme on dit – l’étranger : enfermer serait seulement la conséquence « secondaire » d’une logique purement administrative d’expulsion.
Mais l’intention pénalisante est sous-jacente à toute la procédure : interpellation, garde à vue, menottes, fourgon cellulaire, modalités de l’enfermement… : tout ceci tend, là encore, à installer l’idée de la dangerosité des étrangers.
Tout est fait comme s’il s’agissait de « faire payer », mais aussi de dissuader (autre objectif, classique, de la peine) : l’affichage des résultats de la politique d’expulsion et les privations de liberté et de droits que subissent les étrangers, tendent à faire d’eux des « relais d’opinion » dans les pays d’origine pour dissuader d’émigrer vers l’Europe et la France.
Au demeurant, l’Union européenne a elle-même validé et encouragé cette pratique de l’enfermement en adoptant la trop fameuse « directive de la honte ». Surtout, elle pratique un politique assez cynique d’externalisation des camps d’enfermement dans les pays situés à l’extérieur de ses frontières et ce, au moyen d’un ensemble d’accords bilatéraux et avec l’aide de son agence « Frontex ».
Alors que faut-il faire ?
Au minimum : restaurer le contrôle des juges sur ces procédures de placement en rétention, c’est-à-dire abroger les dispositions de la loi du 16 juin 2011 qui retardent de cinq jours l’intervention du juge des libertés et de la détention.
Ensuite, mettre fin à la pénalisation du séjour irrégulier, totalement inutile, gravement attentatoire à la liberté d’aller et venir et maniée comme un inadmissible instrument de stigmatisation des étrangers.
Enfin, renoncer définitivement à l’enfermement administratif des étrangers, conçu et pratiqué comme un mode de gestion des mouvements migratoires et instrumentalisé au profit d’une politique d’affichage électoraliste.